Des moustiques gros comme le poing bourdonnent dans l'air humide des marécages d'Orcadia charriant des relents putrides de pourriture et des odeurs nauséabondes provenant des plantes fibreuses, gluantes. Tourbières, sable mouvants, étangs vaseux sans fond se mêlent entre eux pour tisser un labyrhinte sans issue. Créatures en tous genres encore inconnues au regard des incultes de cet écosystème, cohabitent difficilement, s'entretuant en eux pour se nourrir, survivre. Mais un lien les uni... Celui de la peur ! Une menace commune pèse sur eux, Les orcs !
C'est dans cet univers dénué de beauté que vit le jour l'héroïne de cet histoire, Shkria. Orcque vouée dès sa naissance à être une Snaga, on la prépara dès ses premiers pas à vivre sa fonction d'esclave. Durant de longues années, elle apprit à utiliser une forge, le maniement des armes, la chasse et bien évidemment l'art dévoué à toute femelle, quelque soit sa race, la bouffe !
Des guerres eurent lieu...Mais étant une Snaga femelle, le seul rôle qu'elle pu y tenir fut celui de taper à mains nues sur son tambour en peau de Felys et de saurus pour ameuter les hordes disséminés dans les marécages, ou accompagner le combat de ses BRrrROoOoUuMMM VRrRrrAaAaMMM BRrrROoOoUuMMM aux rythme du fracas des armes s'entrechoquant entre elles, des cris sauvages chargés de menace et des râles des mourrants qui n'avaient pas encore succombés sous un gourdin ou une hache.
Lassée de cette vie insipide, sans action, Shkria décida un jour de s'enfuir. Mais les années d'endoctrinement ne lui facilitaient pas la tâche et la menace de mort qui planait sur sa tête si elle devait être rattrapée lors de son escapade, la laissait pieds et poings liés à la merci de sa horde.
Un matin brumeux, concentrée sur sa forge, sa masse frappant durement le morceau de fer encore rougit contre une enclume improvisée, une poigne dure bloqua son geste en pleine envolée. Sous la pression douloureuse, elle laissa choir son instrument et fut retournée de force vers le plus cruel des orcs, meilleur barbare de toute horde confondue, Krussbazg.
L'orcque comprit de suite ce qui l'attendait. Krussbazg avait l'intention de la faire sienne. Elle aurait dû se sentir flattée, mais c'est une peur qui s'engouffra en elle, lui noua les trippes, et des images de sa mort qui vinrent à l'esprit. Krussbazg était connu pour ses nombreux appétits charnels qui se finissaient en bain de sang, et on ne lui en tenait pas rigueur car étant le barbare le plus puissant !
Une main glissant discrètement derrière son dos, se posant sur la lame encore rougit, une douleur cuisante passant de cette main à tout son bras, Shkria ne vascillait pas, ne montrait pas qu'elle souffrait. Et d'un geste leste, rapide, elle giffla la joue flasque de l'orc avec son arme d'infortune, lui laissant pour marque une brûlure sanguinolante qui lui barrait la moitié du visage. De surprise et de douleur, il relacha sa poigne et recula, décontenancé. Profitant de se répit, elle ramassa sa hache à terre, et avec toute sa hargne, toute son envie de vivre, elle fit pleuvoir un déluge de coups violents et sans pitié sur celui qui avait choisi d'être son bourreau.
Mort ! Il était mort ! Elle avait oté la vie à l'orc le plus puissant de la horde ! Il ne restait qu'une seule chose pour elle à faire... quitter le village car jamais on ne lui pardonnerait ce geste. Le pardon n'existe pas dans ce monde. Fracasses où crèves, telle est la devise, mais pas en ce qui concerne Krussbazg... Se penchant sur le corps sans vie, elle ramassa son trophée, celui qui le suivrait toute sa vie, un des crocs externes du cadavre qui s'était brisé sous les coups.
La chance était avec elle, la horde avinée par la bière naine volée lors de la précédente excursion sur les terres ennemies, ronflait , soupirait, éructaient et personne ne la vit quitter le village, prendre la direction d'une terre où paraîtrait-il, toutes races cohabitaient ensemble soit dans la paix soit dans le sang, mais ils étaient libres !
Elle ne doutait pas qu'elle était traquée, mais passé le versant de la montagne noire, lorsqu'elle arrivait sur cette terre verdoyante, aux senteurs étranges, elle se laissa grisée par ce sentiment de liberté qui s'insinuait en elle et n'eut plus peur de rien, ni même de ses poursuivants.
"Kedrok... Shkria être là ! Grunt... Vous devoir vous planquer habitant de ces terres !!!"
Accueil 