De l'autre côté du miroir (Shandora BG)

-Cours! Plus vite, ou il nous rattrapera!
-Mais je n’en peux plus! Shan!

Depuis combien de temps courons nous ainsi? Moi-même je n’en peux plus. Et cette chose qui nous poursuit, a-t-elle abandonnée? Pourquoi la forêt est elle aussi silencieuse? Normalement il y a toujours le vent pour chanter entre les arbres, ou un oiseau nocturne pour crier dans la nuit. Nos yeux de felys peuvent percer les ténèbres , mais ce qui est réellement terrifiant, c’est ce silence de mort qui plane, uniquement percé par nos souffles douloureux et nos pas terrifiés courant dans les feuilles mortes.

Il faut trouver un abri, un endroit où se reposer et échapper à ce jeu macabre. Pourquoi nous? Nous ne sommes que 2 enfants terrifiés.
Je sers un peu plus fort la main de Shaora. Nous ne mourrons pas ici, j’ai promis.

Il y a quelque chose d’étrange. J’ai un mauvais pressentiment. Mes entrailles se tordent. Pourtant la créature ne nous poursuit plus, je n’entends plus que le bruit de ma course.

Ma course?!

Je tiens pourtant fermement la main de Shaora, pourquoi je n’entends plus sa respiration ou le bruit de ses pas?

Je tiens pourtant sa main n’est-ce pas?

Mon cœur se tord douloureusement. Je me suis arrêté malgré le danger.

Pourquoi elle ne parle pas? Pourquoi je ne l’entends pas ? Je ne veux pas me retourner. Elle est là, puisque je tiens sa main. Elle est forcement là.
J’entends un faible bruit qui vient troubler ce silence pesant.
Je me tourne lentement Shaora doit sûrement reprendre son souffle, c’est pour cela elle ne parle pas.
Mes yeux fouillent les ténèbres. Je l’aperçois.

Je crois bien que mon esprit s’est brisé là, à cet instant.

À quelques mètres de là se tient ce monstres informe.
Comment nous a-t-il rattrapé? Quand?
Ces questions n’ont plus d’importance. Mes yeux ne voient plus que ce qu’il tient entre ses pattes, et qu’il a déjà commencé à dévorer voracement.

Il y a erreur n’est-ce pas?

Mon corps et mon esprit restent figés devant ce spectacle.

Je regarde comme hors de moi-même ce petit corps sanguinolent,

son visage si semblable au mien, désormais figé dans cette expression de stupeur terrifiée

et ce mince filé carmin qui s’échappe de ses lèvres,

son bras gauche tendant désespérément son moignon vers moi,

puis son cou béant,

et enfin ses entrailles, maintenant pelle mêle sur lesquelles s’affaire cette abomination.


J’ai du mal à respirer.

Les bruits de mastication et d’entrailles que l’on remue me vrillent le cerveau.

Et je reste figé sur place comme un pantin désarticulé.

~ Qu‘attends tu?! Cours! Pendant qu‘il t‘a encore oublié! Cours!~

Cette voix dans ma tête claque comme un coup de fouet.
Je me retourne et commence à courir désespérément m’enfoncer plus profondément dans la foret, abandonnant là le cadavre de ma jumelle.


La voix continue de me guider parmi cette foret de plus en plus dense, de plus en plus sombre, m’évitant des pièges fatals pour l’inconscient qui oserait s’aventurer en de tels lieux.


~ Plus vite! Il a fini, il te cherche à nouveau, et les arbres ne le retarderont pas tant! On y est presque~

Ma gorge me brûle, mon cœur va exploser. Les ronces me lacèrent les jambes, les branches basses me giflent implacablement le visage.

J’arrive enfin à une sorte de clairière, étrange, entourée d’immenses pierres sculptées. Mais je n’y prends pas garde pour le moment, seule m’intéresse cette grotte à flancs de montagne.

~ Entre! Vite!~

-Mais il va entrer lui aussi!

Il est déjà là! Commence peut il être aussi rapide?

~Entre! Et fais moi confiance~

Je n’ai plus le temps de réfléchir ou de protester. Je m’engouffre à l’intérieur et tombe à quelques mètres à peine de l’entrée, épuisé. Mes dernières forces se sont évanouies.

La créature est déjà sortie des arbres. Mais pourquoi ne vient elle pas? Elle sait que je suis là, elle le sent. Alors pourquoi ?

~ Elle ne peut pas. Cet endroit a été placé hors du monde il y a déjà bien longtemps. Les charmes qui le protégent en empêchent l‘accès à tout importun. ~

~et puis… peut être aussi qu‘elle a un peu peur~

J’entends comme un rire, clair, discret.

- Pourquoi j’ai pu entrer moi?

~… parce que je le voulais~

- Vous aussi vous voulez me dévorer? Comme ceux là?

Le désespoir me reprenait lentement.
En tombant, j’avais entre autres atterri sur des ossements, humains pour la plupart, mais aussi très certainement des orcs, trolls et nains, quoiqu’à l’époque je n’avais jamais rien rencontré de tel…

~… ces êtres sont les seuls suffisamment idiots pour mettre les pieds dans cet endroit de leur plein grés, attirés par leur cupidité.~

~ Mais ne t‘inquiètes pas, je ne compte pas te manger~

Des dizaines de torches se sont maintenant allumées éclairant un long tunnel plongeant dans les entrailles de la montagne.

~ Viens. Ce serait idiot d‘avoir fait tout ça pour rester dans l'entrée~

-Réveille toi! Allez!

Je le secoue un peu plus fort. Stupide grand frère qui refuse de se lever

-Il est presque l’aube.

Ma demande se transforme presque en supplique, il le sait pourtant que tout doit être fait avant leur réveil.


Ça y est, il s’éveille enfin. Un œil, puis l’autre, et je plonge dans ses grands yeux dorés.

**Jeux de miroir**

-Bonjour Shaora.
La voix encore enrouée de sommeil, je salue ma sœur.
Je pourrais rester éternellement là, à me perdre dans ses immenses yeux verts, la seule chose qui nous différencie réellement à ce jour... j’aimerai aussi me rendormir, et la garder serrée contre moi, que la nuit ne finisse pas, que l’aube ne vienne jamais. Juste nous deux, et la nuit comme gardienne.
Nous n’avons besoin de personne d’autre n’est ce pas? Et nous resterons toujours ensembles, je l’ai promis.

Mais je ne sais pas arrêter le temps… et l’aube finit toujours par arriver.

Nous devons y aller.

Chaque matin, chaque journée est la même monotone routine. Quel ennui mortel.

Le jour se lève, le château s’éveille lentement, et dans une heure tout devra être prêt.

Toute la journée nous allons préparer, servir, nettoyer, ranger, exécuter le moindre ordre qui nous sera donné. Premiers levés, derniers couchés, aucun répit, aucune plainte, ce sont les règles de ce château.

Je suis Shandora. Et celle qui me réveille comme elle peut, c’est Shaora, ma sœur jumelle oui. Notre age, nous ne le connaissons pas. Nos souvenirs ne vont pas plus loin que notre arrivée ici. Le maître des lieux nous a « ramassés » dans la neige il y a 2 ans. Pas par pure bonté, loin de là, le duc ne doit certainement même pas connaître l’existence de ce mot, ni parce qu’il avait besoin de valets, il y a déjà bien assez de monde dans ce château. Non, simple caprice de sa délicieuse fille, c’est qu’il ne peut absolument rien lui refuser le pauvre homme... Les felys sont rares dans cette contrée, et 2 jeunes, jumeaux qui plus est, le sont encore plus. Elle ne pouvait laisser passer une telle occasion, ni «laisser mourir de froid ces pauvres petits êtres si adorables » … son père décida donc de nous embarquer, comme il l’aurait fait pour la dernière poupée à la mode. Oui, « poupée » est le mot exact.


Et voila… nous venons d’arriver aux cuisines, et les servantes ne manquent pas de nous tomber dessus. Je jette un regard à Shaora, c’est étonnant tout ce qui peut passer dans un regard.

**jeux de miroir**

« ça va aller, file »
C’est ce que ses yeux me disent. Je le laisse donc là et pars préparer le reste du petit déjeuner des maîtres de maison, Shan se débrouillera très bien avec elles, comme toujours, il ne risque rien, moins que moi en tout cas.

Il est peu de dire que nous ne sommes que peu appréciés ici.

D’abord parce que nous sommes des felys, les seuls à la ronde. L’égalité des races c’est un joli concept qui n’a pas court en ces murs. Ce duché est à des centaines de lieux de tout passage, isolé du monde, uniquement peuplé d’humains, sauf nous. Pour ces campagnards quasi illettrés ne connaissant d’êtres vivants qu’eux même, leurs chiens, leur bétail et à la rigueur le gibier… nous sommes moins que des bêtes...
Ensuite nous sommes jumeaux. Peut être est-ce justement la cause majeure. Les jumeaux sont extrêmement rares ici, et les vieilles racontent même que nous sommes maudits. Deux êtres quasi identiques, nés au même endroit au même moment et partageant le même sang… ne peuvent que posséder la même âme, et donc le même destin? Leur vœux le plus cher serait certainement de nous envoyer au bûcher « pour le salut de notre âme ».
Mais elles n’en feront rien, personne ne le fera, parce qu’on ne touche pas aux affaires de la « petite princesse ».


Ça y est, les préparatifs sont terminés. Je n’ai plus qu’à quitter la pièce, et retourner retrouver Shan aux cuisines. Elles ne peuvent pas le toucher, mais le faire travailler plus que raison reste dans leurs cordes.
Je n’ai plus qu’à le retrouver… je finis toujours par le retrouver, parce que nous sommes nés pour être ensembles.
À deux tout reste plus simple.


**jeux de miroir**


On ne peut pas vraiment dire que l’on soit mal traités Shaora et moi… tant que l’on reste ensembles, le reste n’a que peu d’importance, et puis cette vie vaut toujours mieux que la rue. Ici on a un toit, de la nourriture… tous les gosses hors de ces murs ne peuvent en dire autant… et les places se vendent cher.


Les maîtres de maison ont maintenant fini de manger, et c’est pour moi le pire moment de la journée qui s’annonce.


Me voila arrivé à la chambre de la « petite princesse », entendez par là la fille chérie du duc.
Les jeunes filles adorent les jouets: peluches, poupées… et les filles de nobles se doivent d’avoir les plus belles, le tout livré avec accessoires, robes, service à thé… et entassés dans une pièce immense pour ne servir qu’une fois ou deux dans toute leur triste existence, perdant vite leur intérêt. Car ces demoiselles ne pourront jamais se satisfaire d’objets si communs que même la « princesse en chef » du pays voisin finit par posséder. Non, il faut quelque chose de spécial, d’attrayant, à faire pâlir d’envie les jeunes invitées.
Moi… je suis loin d’être très masculin… même si à environ 10 ans la différence physique entre fille et garçon reste minime, on peut me prendre facilement pour une fille, et ma fourrure, mes yeux si particuliers me procurent un exotisme qui la fascine. Si bien que depuis 2 ans que nous sommes là, son jouet préféré, c’est moi.
Une fine fourrure brun pale, tirant sur le noir au bout des membres et sur le blanc autour des yeux et du « museau », et une crinière tout aussi pale noircissant aux extrémités… j’ai tout d’une grande peluche animée d’1 mètre 20, parfait pour un jouet.

Le jeu se cantonne à des séances d’habillage interminables, dans des tenues parfois si excentriques qu’on n’ose croire que quelqu’un ait pu les inventer… suivies de séances de prise de thé toutes aussi interminables, entouré de « monsieur l’ours », « madame la duchesse Flora » et autres poupées aux noms aussi recherchés… mais ma princesse excentrique grandit… ses jeux aussi.

Et la matinée s’écoule ainsi… j’ai oublié le sens du mot fierté depuis un moment déjà, peu m’importe si ceci s’apparente à de la prostitution, c’était le seul moyen que j’ai pu trouver pour assurer nos arrières. Si n‘être qu‘un jouet me permet de rester auprès de Shaora, le reste importe peu. « On ne touche pas aux jouets de la princesse » c’est aujourd’hui notre assurance vie.

Dès que vient l’heure du midi, le jeu s’arrête, la princesse a d’autres occupations l’après midi, moi je retourne recevoir des ordres. Ça c’est la condition du père « quitte à nourrir ces monstres autant qu’ils servent à quelque chose ».

Aujourd’hui cela risque d’être un peu plus fatigant… ce soir est un grand soir: la princesse se marie.

J’ai peur… Mon regard terrifié passe frénétiquement du tunnel aux ténèbres de la nuit, en passant par les ossements jonchant le sol.

J’ai envie de partir en courant, courir jusqu’à Shaora, la serrer dans mes bras et voir que tout ceci n’était qu’un cauchemar, m’excuser, et lui dire que je ne l’abandonnerai plus jamais.

Je tremble de tous mes membres, violemment, comme si l’on venait de me jeter dans un bain glacer. Les larmes qui coulent à torrents m’empêchent de percer les ténèbres.

Par où suis je venu ? par où dois je aller pour la retrouver ? je ne sais pas. Je ne sais plus. Je n’arrive plus à réfléchir. La seule chose qui tourne en boucle dans ma tête, c’est cette image morbide du cadavre de Shaora.
Je secoue désespérément la tête pour chasser ces images, mais elles reviennent toujours à la charge.
Allez vous en ! ce n’est pas vrai ! Elle est là bas dans la foret, elle a peur, elle m’attends. Il faut que j’y aille !

J’ai un peu repris mon souffle, mais ces maudits tremblements ne veulent pas s’arrêter. Mes jambes ne me portent plus.
Je me retourne sur le ventre, et commence à me traîner à travers les cadavres. L’odeur est infecte, mais je m’en moque, je dois avancer, d’abord en rampant, puis à quatre pattes à mesures que les sensations me reviennent.

Je pose une main dans la clairière, et je sorts la tête du souterrain. Cette fois j’ai plus le temps de l’observer. La clairière est doucement éclairée par la lune, je vois les stèles tout autour, elles sont gravées, des sigles, des dessins que je ne comprends pas. Mais je m’en moque, ça n’a aucune importance, je dois y aller.

Je sorts un peu plus dans la clairière, je suis prêt à me relever, à sortir et m’enfoncer dans la forêt. Un grognement retenti dans la nuit, Ce grognement. La terreur que j’avais réussi à oublier refait surface en un éclair. J’étais tellement absorbé par l’idée de retrouver Shaora que je l’avais oubliée. J’avais voulu l’oublier. Je tourne la tête en direction du bruit, et je tombe sur ces deux yeux luisants dans l’ombre. Elle m’a vu, elle s’approche. Une énorme patte griffue, maculée de sang et de morceaux de chair sort des ténèbres et pénètre dans la clairière éclairée par la lune.

Mon cœur se soulève, je recommence à trembler. Ma main droite se crispe de nouveau, à en devenir douloureuse. Au fond de moi je sais déjà que Shaora est morte, mais je veux croire… croire qu’elle est encore en vie, que je ne l’ai pas abandonnée. Mais la créature, et les morceaux de chair et de sang qu’elle apporte me renvoie cruellement la vérité.

Elle fait un pas, elle va approcher. Je ne veux pas voir sa gueule. Elle va bientôt arriver en pleine lumière, mais elle se fige, elle grogne , elle peste, mais elle recule.
C’était donc vrai, elle ne peut pas entrer ?

Je ferme les yeux douloureusement. Je suis en sécurité, mais je ne pourrais pas sortir, je ne pourrais pas y aller. J’ai mal à la main, il faudrait que je pense à la décrisper. Elle est toute poisseuse, mes griffes doivent déjà avoir transpercé ma paume. Je jète un regard, pour évaluer l’étendue des dégâts.

Ma main… sa main, sa main dans ma main, et tout ce sang qui finalement n’est pas le mien.

C’en est trop.

Ça suffit…

Cette fois, la voix n’est pas dans ma tête. Je voudrais voir à qui elle appartient mais je ne pourrais pas, j’ai déjà perdu conscience. Je m’effondre sur l’herbe.

Curieux chaton…

Tu es venue ?

Bien sûr… ce n’est pas tous les jours que tu sorts de ton antre, Alwaid. J’étais curieuse de voir ce qui t’y avait poussé.
Tu comptes le manger ?

Ne dis pas de bêtises.

Tu as raison, il vaudrait mieux attendre un moment, il n’est pas bien gros, on ferait mieux de l’engraisser. C‘est pour ça que tu le transportes ?

Alrisha…

C’était une blague, pas la peine de me regarder comme ça…

Tu n’y toucheras pas non plus …

*Soupire*… bien.

Et tu ne joueras pas avec, pas comme avec tes autres jouets…

*soupire * Oui

Et tu t’en occuperas.

Oui… quoi ?!

Tu m’as très bien entendue.

Arrête de rire ! c’est un gosse

J’ai cru voir en effet.

Je suis pas une nounou moi !

Maintenant si.

Je ne sais pas m’occuper d’un môme !

Tu apprendras comme tout le monde, regarde comme il est mignon

Vrai, même si j’aime pas trop les poils… mais c’est pas le problème !
Un môme ça chouigne, ça braille, ça court partout

Je doute qu’il soit très remuant après ce qui s’est passé cette nuit… et il a passé l’age de brailler, comme tu dis.

Fais le toi même.

J’ai autre chose à faire de mes journées.

Moi aussi figure toi…

Faire l’inventaire des cadavres flottants dans ton palais et ses jardins ? Ils ne vont pas se sauver à mon avis.

Détrompe toi, j’en ai deux trois qui manquaient la dernière fois

Parce qu’en plus, tu le fais vraiment cet inventaire ?

J’avais envie de rendre visite à un ancien et très bon amant… un empereur. J’avais aménagé toute une scène rien que pour lui dans une pièce, avec salle du trône et courtisans… au final il manquait la moitié de la cour et l’empereur.

Une révolution !

Arrête de te moquer… la pièce qui met en scène une révolution est à l’autre bout du palais… pour éviter les conflits, et aussi parce que c’était la seule pièce restante où caser la guillotine. Non… Thuban me les avait bouffés…

Nourris le plus souvent ce dragon…

Mais je le nourris ! Sauf que c’est un goinfre. Tout un équipage qu’il a engloutit à la dernière tempête… il ne m’a même pas laissé un survivant à noyer moi même.

Ma pauvre…
Bon ! On l’installe où ?

On le remet dehors…

Derrière la fontaine ? Oui, la chambre est spacieuse, agréable, et en plus tu pourras veiller sur lui plus facilement.

Ben tiens…

Tu le surveilles ?

Humf !

Alrisha…

Oui oui… je le surveille ton chat, je le surveille.

C’est pas un chat, c’est un felys. T’as jamais vu de felys ?

Désolée, faut croire que ça court pas les lacs et les rivières…

On en reparlera. Je me dépêche.

J’espère bien…

Dans le brouillard qui occupe mon cerveau, j’entends des bruits de pas s’éloigner. J’émerge lentement, mais mes sens ont du mal à se remettre en marche. L’herbe de la clairière où je m’étais évanoui a laissé place à un sol plus dur, plus froid aussi. Comme de la pierre. On m’a transporté ?

J’entends quelqu’un parler à coté de moi. Une femme ? Mais la voix a l’air différente de celle que j’ai entendu dans la foret. J’entends aussi comme de l’eau qui s’écoule, une rivière ? mais pas de vent ou d’oiseaux, je serais à l’intérieur ?

N’empêche … des poils de chat, des moustaches de chat, des oreilles de chat et une queue de chat… ça ressemble sacrement à un chat cette boule de poils…

J’suis pas un chat… ni une boule de poils.

Je me redresse difficilement pour m’asseoir. Mon corps entier crie de douleur, mes muscles, ma tête… Arrivé dans une position assise plus ou moins stable, j’ouvre lentement les yeux en les gardant baissés vers le sol, la lumière des torches de la salle m’éblouit, accentuant mes maux de tête. Je grimace.

Hooo ! Voyez vous ça ? notre invité s’est réveillé, et il sort déjà les griffes, sans même avoir fait les présentations… c’est très impoli.
Tout doux chaton… chaque chose en son temps.